Un des acquis de la 6e réforme de l’État fut l’attribution à la Région de Bruxelles-Capitale de ce qu’on appelle l’autonomie constitutive. Comme les autres entités fédérées, la Région de Bruxelles-Capitale peut désormais par elle même décider d’un certain nombre de règles relatives à son fonctionnement ou à l’organisation de ses propres institutions. C’est un pas de plus pour faire reconnaître Bruxelles comme une Région à part entière.

En application de cette autonomie constitutive, et à la première occasion, le parlement bruxellois a dès lors décidé d’avancer la rentrée parlementaire qui jusque là était fixée par le fédéral au 3e mercredi d’octobre, ce qui faisait de nous les bons derniers de la classe politique belge. C’est ainsi que dorénavant, et pour la première fois cette année, la rentrée du parlement bruxellois aura lieu le 3e lundi de septembre, soit ce lundi 21.

Quelle ne fut toutefois pas notre stupéfaction d’apprendre la semaine dernière que si, en effet, les travaux du parlement reprennent ce lundi 21, il n’en va pas de même des travaux du gouvernement, puisque la déclaration de politique générale qui traditionnellement sonne la rentrée et balise les travaux politiques de l’année ne sera pas lue ce lundi mais… à la mi-octobre, soit comme avant !Ceci pourrait sembler anecdotique ou anodin, ça ne l’est en réalité pas. En refusant de prononcer sa déclaration de rentrée dès aujourd’hui, le gouvernement donne du grain à moudre à ceux qui, au nord du pays, se sont toujours opposés à la Région de Bruxelles-Capitale. Il donne raison à ceux qui disent que Bruxelles ne peut pas être considérée comme une Région comme les autres, qu’elle doit être gérée ou co-gérée par d’autres, qu’elle n’est pas digne de décider pour elle-même, que ses lois ne peuvent pas avoir la même valeur que celles des autres Régions, qu’elle ne mérite pas un financement justifié par son statut de Ville-Région-Capitale…

Comme il a fallu se battre pour créer la Région, pour son juste financement, il a fallu se battre lors de la 6e réforme pour l’autonomie constitutive. En reportant sa rentrée au parlement, outre qu’il donne du crédit à une image (socialiste francophone) de fainéantise, le gouvernement bruxellois traite les institutions bruxelloises comme des institutions de seconde zone, et démontre qu’il n’en est pas digne.